L’ABSTENTION OU L’ACTION ?
02 juillet 2024 à 20h47 - 1843vues
DES LEGISLATIVES SOUS HAUTE TENSION DANS LE MONDE CHRETIEN
Entre- les deux tours – le 01 juillet 2024 - En pleine période des fêtes de fin d’année scolaire, Blue Melody School Radio n’y échappant pas, on a préféré laisser passer le tsunami annoncé du premier tour des élections législatives pour vous faire un topo sur les prises de positions des dirigeants religieux.
On y est ! Le second round du combat entre les divers partis qui se maintiennent au deuxième tour s’annonce encore plus enflammé. Le contexte demeure spécial car aujourd’hui les enjeux sont de taille. Dans une posture où la culture chrétienne, charitable, empreinte d’amour pour les autres est devenue minoritaire, la recherche du pouvoir, du bien-être personnel, de l’exclusion, voire la haine de l’autre, est le point de rupture consommé, puis l’aboutissement de toutes les colères et les galères, du ras-le-bol, des misères, des souffrances, des rejets.
Si se sont succédé, à tour de rôle, les tendances politiques peut -être pour certains plus « acceptables » dites non extrêmes mais non parfaites, aujourd’hui nous sommes confrontés à une décision qui fait mal. Choisir vite et le moins pire. Mais quand le choix qui s’impose est ténu, intense, et quasi impossible ? Quand il faut décider entre, la controverse, la haine à peine voilée et la peste qui gangrène la société, il ne reste que le refuge d’une position démocratique responsable et bienveillante.
Vient alors se poser la question de la posture des croyants face à l’actualité du moment. Ainsi, dans les « trous noirs » du paysage politique français, de nombreuses dénominations chrétiennes et protestantes se sont exprimées publiquement. Aux grands maux les grands remèdes. Et une fois n’est pas coutume. Si les extrêmes sont aux portes du pouvoir, le chrétien est bien dans l’antichambre d’une élection où la conscience et le cœur devraient parler aussi fort que la raison et la foi.
LES LEGISLATIVES EN FRANCE : LES EGLISES S’EN MELENT VRAIMENT ?
Absolument ! Certaines églises ont donné des consignes, non de vote, mais suffisamment explicites, rappelant énergiquement les principes fondamentaux d’une société qui se pense vertueuse, pour le moins rationnelle. Tandis que les autres, plus téméraires, se sont lancées dans l’analyse du programme du parti en tête des sondages, tenez-vous bien, à la lumière de la bible, sorte de décryptage-mobilisation pour le changement. L’idée première, « rétablir la place du Christianisme dans la Nation Française. » Thèse présentée par le pasteur-apôtre Daniel Vindigni sur sa chaîne Youtube, une des voix non officielles de l’église Evangélique-Pentecôtiste.
Initiative louable, mais ô combien dangereuse. Parce qu’elle ramène à des époques moins glorieuses, durant lesquelles une idéologie voulait s’imposer aux autres au nom de ladite bible. Tout autant que l’on souhaiterait adosser les idées du profane à celles du divin, il est bon de se souvenir que des circonstances similaires ont émaillé l’histoire de d’autres peuples. Qu’ont-ils fait ? Ils n’ont pas choisi pour sanctionner ou dégager. Ils n’ont pas décidé par dépit. Et ils n’ont certainement pas pris position pour la beauté du discours et encore moins du faciès. Ils acceptèrent de faire face à la menace et se sont levés d’un seul homme pour défendre la valeur la plus haute : l’amour.
Citons donc le conseil permanent de la Conférence des Evêques de France (CEF) sur le site officiel Vatican News. Les dix Evêques du conseil s’interrogent sur les enjeux de cette élection et soulignent « le climat de malaise ambiant et invitent au respect des convictions de chacun, appelant à discerner pour œuvrer à une meilleure société ». La faute à l’individualisme et à l’égoïsme de la société. Il faut noter que l’Eglise Catholique s’exprime régulièrement sur la vie de la cité, surtout quand le choix et l’appel aux urnes mettent en exergue des enjeux de conscience. D’ailleurs, le Pape François a écrit de nombreux discours dont celui très récent prononcé devant les membres de la Fraternité politique du Chemin Neuf, dans lequel il revient sur les rapports du chrétien de l’église et la politique. “Pour des chrétiens : la politique est rencontre, réflexion, action” déclare - t-il en scandant : « du point de vue chrétien, la politique est aussi réflexion », recherchant « le bien général, et non simplement par la confrontation des intérêts contradictoires », la boussole « c’est l’Évangile ». Tout est dit car l’Evangile est clair.
Mais poursuivons. Le Pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, a diffusé un communiqué de presse très poignant, intitulé « Rien ne se construit sur la détestation d’autrui ». Titre évocateur, lequel rappelle que les fondations solides d’une société sont la compréhension, la compassion et le respect mutuel.
Parmi les réactions des églises et des mouvements mondiaux, sur le bulletin officiel en ligne du site Adventist News Network, le service d’actualités de l’Union des Fédérations adventistes de France, de Belgique et du Luxembourg a titré : « Législatives 2024 : quelle place pour les valeurs adventistes ? ». Ce communiqué détaille les propositions et prises de position de chacun des principaux partis en présence, les nommant distinctement, et en proposant une synthèse comparative des thématiques suivantes : la laïcité et la liberté religieuse, l’immigration et le statut des immigrés, l’aide sociale et la santé, et enfin la famille. Le tout sur fond de rappel des valeurs humanistes qui doivent unir les êtres humains de tout genre et de tout bord.
Enfin, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF), n’a pas souhaité comme ses homologues, indiquer des consignes explicites de vote. Sur son site Evangeliques.info, il donne cependant, parfaitement le ton : « Élections législatives : le CNEF encourage les évangéliques à « refuser les postures de haine, d’invective et de rejet ».
Son président, Erwan Cloarec écrit : « A distance des postures partisanes et du prêt-à-penser, les protestants évangéliques souhaitent souligner un ensemble de valeurs issues de leur foi et qui leur semblent propices à l’édification d’une société de paix et de confiance ». Il appelle alors à faire montre de discernement, de mobilisation et de prière.
C’est dire que le sujet impacte toutes les religions et leurs ministres, habituellement silencieux en période électorale, non pas par couardise, mais pour laisser libre-court aux dispositions personnelles de leurs ouailles. En tant que garantes des valeurs humaines et spirituelles, ces églises ont appelé leurs membres à la décision en tant que citoyen certes, lequel, cependant, revêtu d’une mission souveraine, se doit de porter haut l’humain, image suprême de Dieu, dans la dignité, enfin, jouissant de tous les droits universels. Ainsi, revient à l’électeur-chrétien-citoyen la responsabilité d’exercer sa liberté de conscience dans un apport contributif positif à la société.
MAIS LE CHRETIEN EST-IL UN CITOYEN COMME LES AUTRES ?
Oui et non. Oui, le chrétien est un citoyen ordinaire qui peut agir, décider, s’engager pour la ou les bonnes causes, en cherchant le bien commun. Il lui est permis d’exprimer, de vivre, et de choisir sa destinée civique.
Sur le plan politique, Jésus lui-même, en fin limier du fait tant diplomatique, politique, que tactique, avait répondu à la polémique, du dit croyant qui tout en ne dépendant que de Dieu devait rendre au chef de la nation ce qui lui appartient. C’est en ce sens que comme tout citoyen, le fidèle respecte les autorités et pourrait décider de soutenir en son âme et conscience, selon la formule consacrée, une formation politique qui remplit toutes les conditions du meilleur pour la nation. Il peut s’impliquer, pour rechercher le bien-être de ses concitoyens. (Jérémie 29:7). Pourtant, trouver cet équilibre entre la foi et l’engagement politique demeure délicat, sans toutefois être incompatible.
D’ailleurs, de nombreux exemples historiques et bibliques ont prouvé qu’il était possible de bien concilier les deux. Quelques leaders, tels que Moïse (XIIIème s-AVJC), chef du peuple d’Israël du temps des Pharaons, Robert Schuman (1886 – 1963) homme politique français et père fondateur de la construction européenne, ou Alain Poher (1909 – 1996) président du Sénat français de 1968 à 1992, ancien résistant, pour ne citer que ceux-là, étaient des croyants engagés. Leur point commun : défendre ou incarner la bonne cause.
Mais c’est sur ce détail, que le chrétien n’apparait pas tout à fait comme les autres citoyens au sein de la nation. Il se doit également, pour donc défendre la « juste cause », de suivre des principes éthiques supérieurs qui lui sont édictés par sa foi. Pour ce faire, il s’appuie sur la probité pour guider ses choix, tout en respectant la diversité des opinions.
En clair, ne lisant pas dans le cœur de celui qui présente son programme électoral « magique » et les promesses qui lui sont rattachées, le chrétien pratique la prudence et choisit au mieux sous le truchement d’une volonté supérieure. Animé par cette spiritualité, le croyant se présente tel un sceau sacré décidant de marquer sa génération par une prise de position saine, ferme, et pure. D’ailleurs, la Bible n’encourage-t-elle pas les croyants à prier pour leurs dirigeants, ce qui suppose la possibilité, par une élection d’une sélection au préalable. (1 Timothée 2:1-2).
Et gainés par la puissance de cette assurance, certains chrétiens choisissent de s’investir activement dans des partis politiques, tandis que d’autres privilégient des actions sociales et humanitaires. L’essentiel étant de rester fidèle à ses convictions chrétiennes tout en respectant la pluralité des opinions et en cherchant à contribuer positivement à la société.
ALORS, QUEL PARTI CHOISIR FINALEMENT LES 6 ET 7 JUILLET PROCHAINS ?
Les politologues et conseillers présidentiels aguerris que sont Pascal Perrineau et Aquilino Morelle, dans l’émission Esprits Libres – décryptage du quotidien Le Figaro du 28 juin 2024, insistent sur un triptyque intéressant qui consiste à Creuser, questionner et discerner.
Il s’agira de faire la part des choses, car si tout questionnement est légitime, si la notion de changement séduit et fascine, si enfin l’inconnu attire irrésistiblement, le véritable pouvoir réside dans la réalité du fait de mieux servir à la fois Dieu et son prochain.
Laurence ROGER
BLUE MELODY SCHOOL RADIO
Le Meilleur de la Gospel Music ...
Les sources :
*“Pour des chrétiens : la politique est rencontre, réflexion, action” déclare le pape François (la-croix.com)
*Élections législatives: le CNEF encourage les évangéliques à «refuser les postures de haine, d’invective et de rejet» - Evangeliques.info
*Législatives 2024 : quelle place pour les valeurs adventistes ? - Actualités adventistes
* https://youtu.be/qLWO2KqSwUw?si=kMKj2xj655kYfh4Q Une prise de position du Pasteur Daniel VINDIGNI, enregistrée le 23 Juin 2024, en anticipation des élections législatives françaises 2024. Un exposé qui décrypte le programme du RN à la vue Biblique !
* Le RN aux portes du pouvoir : comment en est-on arrivé là ? Retrouvez «Esprits Libres» autour d’Alexandre Devecchio (lefigaro.fr) Le RN aux portes du pouvoir : comment en est-on arrivé là ?
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